RECIT TÉMOIGNAGE DE PAUL MIFSUD Évadé de France en 1943


Des Rives de la Garonne à la Méditerranée

Journal de guerre d'un marin du Torpilleur « Tempête » 1943--1945

LA MEDITERRANEE

(VERS LES COTES DE PROVENCE)

( LE DEBARQUEMENT)



Mardi 30 mai 1944.


Le commandant à tenu ses promesses. Cela n'a pas du être facile, vu ma position d'auxiliaire de convaincre les hautes autorités de l'amirauté de m'affecter sur un bâtiment de guerre. Aussi, je ne suis pas peu fier, ce jour à 15 heures, de monter la coupée du "Torpilleur Tempête", en escale au port d'Alger. Ce navire de 1500 tonnes, aux trois cheminées caractéristiques, armé de quatre canons de 130 et d'un canon antiaérien de 20 m/m,  fait partie du groupe naval interallié (Flank Force Service).

Samedi 3 juin 1944.


Et c'est mon premier appareillage à 19 heures. Nous quittons Alger et mouillons le lendemain à 10 heures à Oran.


Dès lors, à bord de ce bâtiment de guerre, où j'exerce successivement les fonctions de radariste et d'écouteur asdic, nous participons aux convois de troupes, de matériels et de ravitaillement qui ont suivi le débarquement en Corse, sillonnons en tous sens la Méditerranée et faisons  escale dans la plupart des ports d'Afrique du Nord, de Corse, de l'île de Malte et d'Italie.   En mer, nous subissons  plusieurs  attaques aériennes et procédons, à la suite d'échos du détecteur Asdic, à des grenadages anti-sous-marin. Quelquefois, après ces derniers, l'apparition en surface de débris divers nous laisse supposer que l'objectif a été atteint. Nous avons aussi parfois, la désagréable surprise d'apercevoir, à temps, heureusement,  des mines flottantes tant redoutées des marins. Nous les faisons exploser en tirant dessus à l'aide du canon de 20 et de fusils. Nous naviguons souvent de concert avec de prestigieux bâtiments, la "Jeanne d'Arc", le "Lorraine", le "Duguet Trouin" le "Simoun" etc.. Le 16 juillet nous escortons, d'Alger à Oran, le glorieux sous-marin "Casabianca" partant en réparation en Amérique.


Au cours d'une escale à La Valette ( Malte),  le 3 août, j'ai la joie de faire la connaissance de parents qui m'accueillent avec beaucoup de chaleur. Ils avaient bien été informés de mon arrivée en Espagne par l'Ambassade anglaise de ce pays, mais étaient très inquiets à mon sujet, car cette dernière leur avait également appris que j'avais disparu de Madrid en février 1944.


Le 7 août 1944 à Naples nous remarquons une grande concentration de bateaux et de nombreux mouvements de navires de guerre et de commerce qui nous laisse bien présager de l'imminence d'une opération importante. Cette impression est confirmée à notre arrivée à Tarente, le 10 août, où  nous découvrons le port entièrement encombré de cargos et de bâtiments de guerre. Presque toute la flotte militaire française est également là.


LE Torpilleur « TEMPETE » source: www.alabordache.com/marine/  Cliquer pour agrandir

A 14 h 00,  le commandant nous rassemble et nous apprend, ô récompense suprême, que nous allons tenter un débarquement dans le sud de la France. La joie explose dans les rangs. Nous sommes en effet pour la plupart originaires de métropole que certains ont quitté depuis le début des hostilités.


A 14 h 45 nous appareillons avec 40  "libertys " transportant le matériel de deux divisions.


Le 13 août à 17 h 00, au large de Bizerte, nous stoppons le convoi et allons nous ravitailler en mazout au port  Nous rejoignons le convoi à 19 h 20 et c'est alors seulement que nous apprenons notre destination;  " le Cap Camarat " au sud de St-Tropez. Treize escorteurs sous le commandement du "pacha" du Tempête escortent l'armada.


Embarquement à Tarente, 10 aout 44

Le 16 août à 13 heures nous  arrivons en vue des côtes françaises où nos troupes ont débarqué la veille. Nous emmenons le convoi au Cap Camarat sans autre incident, qu'une alerte sous-marine survenue le 15.  Le torpilleur "Algérien" est chargé du lancement de grenades. Nous entendons au loin le grondement des canons et apprenons avec beaucoup de satisfaction que les allemands n'opposent pas de résistance notable et se replient en désordre.


Ce n'est pas encore cette fois que nous pourrons enfin fouler le sol de notre pays. Nous repartons aussitôt avec un autre convoi que nous escortons jusqu'à Naples. Nous sommes de retour sur les côtes de France,  à la baie de Briande, avec de nouveaux cargos, le 25 août.


Après le débarquement nous effectuons  la navette entre la France et l'Afrique du nord, attachés à diverses missions.

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Paul MIFSUD,

Courte permission

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de Robert LEON, mon père

Source : http://www.witzgilles.com/