1945

(extrait de mon livre)

« Les Américains, qui ont traversé la France aussi vite qu'ils l'ont pu, n'ont, depuis toujours, qu'un objectif : faire la jonction avec les troupes soviétiques.

Entrés dans le Reich par les Ardennes, ils continuent donc inexorablement leur avancée et ne semblent plus prêter attention à la 1e Armée Française stationnée sur la rive gauche du Rhin. Elle n'est pour eux qu'un « pion sur leur échiquier » et n'a pour mission que de garder les bords du fleuve. »

(…) « Une fois de plus, le général de Lattre va user de son charisme et de son remarquable pouvoir de persuasion auprès du général Devers, pour obtenir des Américains une petite portière d'entrée en Allemagne. (…) , de Lattre va mettre au point une percée décisive dans la région de Spire, menant ensuite simultanément ses divisions en direction de Karlsruhe et de Stuttgart mais aussi de la Forêt Noire et d'Ulm, anticipant et défiant sans scrupules les ordres de manœuvre de l'état major US, qui ne cesse de fulminer contre notre obstination.

(…)Notre présence en Allemagne et en Autriche, que nous avons finalement imposée par notre ténacité au combat et par nos succès stratégiques, permettra au général de Lattre de Tassigny de s'asseoir à la table de la capitulation allemande, à Berlin, le 8 mai 1945, auprès des Russes, des Britanniques et des Américains, préservant ainsi l'indépendance de la France. »

Allez ! … Malgré la pluie battante qui s'abat sur vous depuis près d'un mois, malgré les dernières embuscades , les snipers et les ponts effondrés, la fin du cauchemar est proche !

Comme tout Régiment du Génie, sa mission est de reconstruire (entre autres missions ) rapidement des ponts provisoires (Ponts BAYLEY) pour que l'Armée Française (notamment les 1ere et 5e D.B.) puisse passer et entrer en Allemagne-Autriche.

Le 12 février 1945 mon père reçoit la Citation à l'ordre du régiment avec attribution de la Croix de Guerre -étoile de bronze. La citation est signée du Général de Monsabert.

« Caporal LEON du QG 75.

Engagé volontaire après s'être évadé de France par l'Espagne, a, comme chauffeur de véhicule de liaison, assuré son service avec le plus grand dévouement pendant les campagnes d'Italie et de France, depuis le débarquement sur les côtes de Provence, conservant sous le feu ennemi tout son sang froid »

Certifié conforme par le Chef de bataillon Girard, Chef du 2° bureau.

Les lieux successifs de stationnement du 152° R.G. sont:

Mulhouse, rue d'Illzach, 24 février, Dorlisheim 13 avril, Diersheim 24 avril puis Baiersbronn, Obertal, Freundenstadt, Tuttlingen, et Bregenz en Autriche (Hard am Bodensee), puis Bludenz en août 45.

Extrait de « Ma dernière Vie »

« Aussi, dès notre passage du Rhin, les populations civiles sont terrifiées. Combien d'entre nous allions entendre cette phrase presque pathétique : « Kamerad, Krieg ist fertig ! », un message simple et bientôt compréhensible de tous, presque un sourire, implorant notre pitié. Il faut le dire, nous avons passé la frontière avec l'insolence des vainqueurs, mais bien vite le spectacle de la désolation outre Rhin a fait naître en nous quelques accents de compassion.

(…) Des femmes, des enfants, tout au moins ceux qui ne sont pas terrés dans leurs caves, agitent des tissus blancs dans les villages silencieux que nous traversons sous une pluie battante : des mouchoirs, des chiffons, tout ce qui leur tombe sous la main. »