1943 |
Le 16 janvier 1943, il quitte Paris pour la frontière espagnole. Il passe par Tours, Limoges (lettres), Tarascon s/Ariège, Foix... |
Dans une autre lettre: « Ne t'en fais pas pour moi, tout va bien, j'espère Y être d'ici deux ou trois jours. Toujours silence, je compte sur toi… » |
LERiDA… |
Témoignage de Madame Caralp, fille du « passeur » de Foix. « L'hiver 1942/43, deux jeunes gens sont arrivés chez nous à Terrefort. Mon père s'occupait de faire passer en Espagne des jeunes refusant le STO. Votre papa a séjourné huit jours chez nous, le passage frontalier étant surveillé. Apres être arrivé à Seo d'Urgel, il nous a fait passer un message par Radio -Andorre (le Boléro de Ravel), à cet instant, nous étions sûrs qu'il était sauvé…. » |
4 novembre 2007 |
Il est capturé puis emprisonné dans la prison franquiste de LERIDA (Seminario Viejo) du 3 février 1943 au 2 juillet 1943. Les conditions de détention y sont épouvantables, de nombreux hommes y sont morts, beaucoup d'autres en ressortiront très amaigris et malades, (ce fut le cas de mon père), envahis de vermines diverses et dans un état psychologique très affecté et pour longtemps… Il reçu plus tard, bien plus tard, la reconnaissance des ses états dépressifs « syndrome d'asthénie, accès dépressifs, anxiété, irritabilité, dysmnésie, insomnies, cauchemars,lassitude, bronchite chronique » Maladies contractées au cours de l'internement en Espagne en 1943, constatée le 7 janvier 1972. Origine par preuve. |
Extrait de « Ma dernière vie » « Le 31 janvier, notre semaine d'attente, à discuter de notre commun engagement et de nos rêves de futur, s'achève pour Bernard et moi. Ce soir, nous quittons le Domaine de Terrefort pour la montagne et le tant attendu passage de la frontière. Nous nous sentons prêts et nous croyons bien équipés : de bonnes chaussures, nos vêtements de ville lavés de frais, une solide veste de cuir qui nous protégera du froid. Marcel Caralp nous explique qu'après quelques jours d'intense activité, la surveillance policière de l'occupant s'est un peu relâchée. Et puis, en ce mois de janvier, la température est glaciale, surtout la nuit, alors même les rondes de surveillance de l'ennemi sont écourtées. C'est sans doute le bon moment pour passer. » |
(…) « Bientôt nous marchons dans une neige épaisse qui traverse vite nos souliers parisiens. Quatre heures de marche derrière nous. Nous approchons des deux mille mètres d'altitude, nous indique bientôt notre guide, fier de nous donner cette information altimétrique. Il tient depuis longtemps nos vies entre ses mains. Seuls ici, dans la nuit et le froid, nous ne tarderions pas à nous perdre et à mourir. Et le chemin grimpe de plus belle. » (…) « Je ne sais plus comment j'ai trouvé le courage de marcher encore deux heures dans ces conditions. Sans doute une sorte de volonté multiple. Je marchais pour moi, je marchais pour Monette. Et je marchais aussi pour Bernard. Je ne pouvais pas le laisser là, il fallait que nous passions. Tous les deux. » |
Extrait de « Ma dernière vie » « Il ne reste plus grand chose aujourd'hui du joyeux parisien qui passait en riant le Col de Siguer l'espoir au cœur, il y a trois jours. Depuis notre capture, nous tombons d'humiliations en désillusions. Notre première nuit en Espagne, au cachot du poste de police, nous donna un pâle aperçu de ce qui allait désormais être notre quotidien. » |
Le col de Siguer |